Le Monde dans la Guerre Froide: De la Rupture à la Chute de l'URSS (1946-1991)

Ce chapitre explore l'évolution des relations internationales de 1946 à 1991, couvrant la période de la Guerre Froide jusqu'à la coexistence pacifique, puis la "guerre fraîche" et la dissolution de l'URSS. Il analyse les dynamiques de confrontation et de rapprochement entre les deux superpuissances, les États-Unis et l'Union Soviétique, ainsi que les répercussions de ces tensions sur l'Europe, l'Asie et le Tiers-Monde.

I) De la Guerre Froide à la Coexistence Pacifique (1946-1962)

A) La Guerre Froide en Europe puis en Asie (1946-1953)

1. L'Année de la Rupture en 1947

L'année 1947 est identifiée comme un point de bascule décisif dans l'établissement des blocs de la Guerre Froide, précédée par une montée de l'influence communiste en Europe dès 1946. Cette période est marquée par des événements clés qui ont solidifié la division idéologique et géopolitique du monde.

Montée de l'Influence Communiste (1946)

En 1946, le communisme gagne significativement en influence à travers l'Europe, renforçant la position de l'URSS. L'Albanie, sous la direction d'Enver Hoxha, et la Bulgarie deviennent des républiques populaires. Dans d'autres pays d'Europe occidentale, comme la France, la Belgique et l'Italie, des gouvernements d'unité nationale sont mis en place, où les partis communistes représentent jusqu'à un tiers de l'électorat. En France, cette période est connue sous le nom de "tripartisme" et dure jusqu'en 1947.

1947: Année Décisive de Création des Blocs

L'année 1947 est caractérisée par des initiatives majeures qui formalisent la division du monde en deux blocs antagonistes.

12 mars 1947: Doctrine Truman: Le Président américain H.S. Truman prononce un discours historique où il présente les États-Unis comme les "défenseurs du monde libre". Cette doctrine marque une rupture avec la politique isolationniste traditionnelle des États-Unis. Elle invite à adopter une stratégie d'« endiguement » (containment), inspirée par le diplomate George Kennan, qui combine aide économique et alliances militaires. L'objectif de Truman est de négocier des accords militaires en temps de paix, mais aussi de rallier et de dominer le monde par le libéralisme, ce qui conduit à la promotion de la liberté économique, illustrée plus tard par la création du GATT.
5 juin 1947: Discours de George Marshall et le Plan Marshall: George Marshall, secrétaire d'État américain, propose un plan d'aide économique massif à l'Europe. Les États-Unis offrent 13,6 milliards de dollars à l'ensemble de l'Europe, y compris l'URSS, sous diverses formes: matières premières (céréales), infrastructures, matériels (locomotives), prêts (0,1% d'intérêts) et dons (85%). Ce "Plan Marshall" est prévu pour une durée de quatre ans. Ce plan a un double avantage:
- Limiter l'influence soviétique en Europe, car Truman estime que la pauvreté est un terreau fertile pour le communisme.
- Éviter une crise de surproduction aux États-Unis après la fin de la guerre.
Pour sa mise en œuvre, l'Organisation de Coopération Économique Européenne (OECE) est créée, avec Jean Monnet comme premier président. Cependant, après quelques jours d'hésitation, l'URSS refuse cette aide le 2 juillet 1947.
4 juillet 1947: Refus de la Tchécoslovaquie: La Tchécoslovaquie accepte initialement le Plan Marshall, mais sous la pression des communistes, elle se résout à le refuser le 10 juillet.
22 septembre 1947: Doctrine Jdanov: En réponse aux initiatives américaines, le délégué soviétique Andreï Jdanov énonce solennellement la division du monde en deux blocs engagés dans une lutte sans merci, lors de la réunion de Szklarska Poreba en Pologne. Cette doctrine est une réponse idéologique à un plan économique, s'adressant au monde entier et non pas seulement à l'Europe. Pour Jdanov, le monde est coupé entre l'URSS, présentée comme démocratique, anti-impérialiste et anti-fasciste, et les "impérialistes américains".
Octobre 1947: Création du Kominform: Le Bureau d'Information des Partis Communistes est créé, une association regroupant tous les partis communistes du monde.
Autres signes de rupture en 1947:
- En mai 1947, le tripartisme en France prend fin, notamment en raison de l'acceptation du Plan Marshall par la France, ce qui entraîne la rupture avec le Parti Communiste Français (PCF).
- En décembre 1947, la Conférence de Paris est la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères pour discuter du sort de l'Allemagne, marquant l'incapacité des Alliés à trouver un terrain d'entente.

2. Des Antagonismes en Europe

La période qui suit 1947 est marquée par des antagonismes croissants en Europe, culminant dans des crises majeures qui renforcent la division des blocs.

Le "Coup de Prague" de février 1948 (Tchécoslovaquie)

En février 1948, la Tchécoslovaquie est le théâtre d'un événement majeur. Début février, le ministre communiste de l'Intérieur place de jeunes militants à tous les niveaux de la police et remplace huit commissaires de police de la région de Prague par décret. Les ministres non-communistes, jugeant cette action excessive, exigent l'abrogation du décret le 17 février 1948. En réponse, les communistes mobilisent leurs militants. Le 22 février, plusieurs régiments de police sous contrôle communiste marchent sur Prague. Le 25 février 1948, le président de la République tchécoslovaque, Édouard Bénès, cède tout le pouvoir au parti communiste et à son président, Klement Gottwald, après deux semaines de pressions soviétiques intenses. Cet événement, bien que n'étant pas un coup d'État au sens strict, est perçu comme un véritable coup de force de l'URSS, marquant la "stalinisation des démocraties populaires", où chaque pays doit désormais suivre le modèle soviétique. La Yougoslavie, cependant, refuse cette soumission, et son dirigeant Tito est exclu du Kominform en juin 1948 pour son insoumission.

La Crise de Berlin (1948-1949)

Berlin, une ville partagée en quatre zones d'occupation et isolée au cœur de la zone soviétique, devient le point focal d'une crise majeure. La ville est reliée à l'Ouest de l'Allemagne par trois couloirs aériens, des autoroutes et des chemins de fer. En décembre 1947, lors de la Conférence de Paris, le Royaume-Uni, les États-Unis et la France envisagent des mesures communes pour l'Allemagne, incluant des élections libres pour une assemblée constituante et la création du Deutsch Mark. Staline perçoit ces initiatives comme une menace. Le 4 juin 1948, l'URSS organise le blocus de la ville, suspendant tous les ravitaillements et coupant l'électricité, isolant Berlin. Pendant 322 jours, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni organisent un pont aérien vers Berlin-Ouest, avec un avion toutes les minutes au plus fort de la crise, transportant principalement du charbon (75% des marchandises). Le blocus cause 75 morts. Le 12 mai 1949, le blocus est levé, mais la séparation entre les deux camps devient plus nette. Cette situation a deux conséquences majeures: Berlin devient le symbole du rideau de fer, représentant l'opposition et la résistance à la liberté; elle accélère les accords pour l'intégration de l'Allemagne de l'Ouest à l'Occident, les États-Unis considérant l'Allemagne comme un allié à soutenir. En mai 1949, la République Fédérale d'Allemagne (RFA) est créée avec Bonn pour capitale. En octobre 1949, la République Démocratique Allemande (RDA) est créée avec Berlin-Est pour capitale.

3. "Le Grand Choc en Asie"

La Guerre Froide s'étend rapidement à l'Asie, marquée par des mouvements d'indépendance et l'émergence de nouveaux acteurs géopolitiques.

Indépendances et Victoire de la RPC

En septembre 1945, Hô Chi Minh déclare l'indépendance de l'Indochine, mais les Français reviennent progressivement, et la guerre est proclamée en décembre 1946. En 1946, l'indépendance des Philippines est déclarée, suivie par le Pakistan et l'Inde le 15 août 1947. Le 1er octobre 1949, la République Populaire de Chine (RPC) est proclamée, ce qui a de nombreuses conséquences géopolitiques: le bloc communiste devient très vaste et monolithique; la politique d'endiguement de Truman s'étend à l'Asie pour stopper la progression du communisme, ce qui se traduit par un soutien à la France dans la guerre d'Indochine. Un problème se pose concernant l'île de Formose (Taïwan), soutenue par les autres membres permanents, qui conserve le siège de membre permanent à l'ONU. En réponse, l'URSS boycotte le Conseil de sécurité, adoptant une "politique de la chaise vide".

La Guerre de Corée (1950-1953)

Après 1945, la Corée est désarmée et divisée: au Nord, un gouvernement pro-URSS dirigé par Kim Il Sung est mis en place; au Sud, un gouvernement pro-États-Unis dirigé par Syngman Rhee. En 1949, le secrétaire d'État américain à la Défense, Dean Acheson, déclare que "la Corée ne fait pas partie du périmètre défensif des États-Unis", suggérant que les États-Unis pourraient tolérer la perte de la Corée du Sud. De juin à septembre 1950, une offensive nord-coréenne, soutenue par l'URSS et Staline (qui fournit des chars), a lieu en Corée du Sud, considérée comme une victoire rapide pour le Nord. En juillet 1950, l'ONU envoie des militaires en Corée, en vertu du chapitre VII de sa Charte. C'est la première fois que les casques bleus interviennent, rendue possible par le boycott de l'URSS au Conseil de sécurité. Les troupes sont principalement américaines et canadiennes. Entre septembre et octobre 1950, le général Mac Arthur lance une contre-offensive militaire. Le 16 octobre 1950, les troupes de l'ONU atteignent le Ya-Lou, fleuve frontalier entre la Chine et la Corée. Mac Arthur prononce alors une phrase controversée: "Nous sommes prêts à utiliser la bombe atomique". En réaction, les Chinois se mobilisent massivement, et Mac Arthur est remplacé par le général Ridgway, car les Américains ne sont pas prêts à utiliser la bombe atomique. Entre novembre 1950 et janvier 1951, les troupes de l'ONU sont gênées, et le front se stabilise de janvier 1951 à juillet 1953, la guerre devenant une guerre de position conventionnelle. Le 5 mars 1953, Staline meurt. En juillet 1953, l'armistice de Pan Mun Jon est signé. Le bilan de cette guerre est lourd: 3 millions de morts. La Corée reste coupée en deux au niveau du 38e parallèle, rendant la guerre inutile. La Chine sort de ce conflit avec une image très positive, ayant officiellement réussi à contrer les États-Unis seule. Cette guerre est un exemple de guerre froide, avec une escalade du conflit où les deux blocs reculent au paroxysme, et une guerre indirecte où l'URSS est représentée par les Chinois et les États-Unis par l'uniforme de l'ONU. En 1949, le traité de Washington est signé, un traité de paix entre le Japon et les États-Unis.

4. La Mise en Place des Blocs

La période voit la formalisation des alliances militaires et économiques des deux superpuissances, marquant la fin de l'isolationnisme américain et la consolidation du bloc soviétique.

Côté Américain

Les États-Unis abandonnent leur politique isolationniste, signant de nombreux traités de guerre en temps de paix, une pratique appelée "pactomanie".

1948: Organisation des États Américains (OEA): Signée entre l'Amérique latine et les États-Unis pour soutenir les régimes proches.
Avril 1949: Traité de l'Alliance de l'Atlantique Nord (OTAN): Devient l'OTAN en 1950, incluant les États-Unis, le Canada et douze pays occidentaux. Il a un aspect militaire défensif et une coopération économique. En 1955, 418 000 GIs sont stationnés en Europe. L'OTAN s'élargit progressivement, incluant la Grèce et la Turquie en 1952, et la RFA en 1955.
1951: ANZUS: Traité signé entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
1952: Politique de "rollback": Mise en place aux États-Unis par le Président Dwight Eisenhower et son secrétaire d'État John Foster Dulles. Cette doctrine vise à refouler le communisme, et non plus seulement à le contenir.
1954: Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE): Signée à Manille par l'Australie, la France, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, la Thaïlande, les Philippines, le Royaume-Uni et les États-Unis.
1955: Pacte de Bagdad: Concerne la Turquie, le Pakistan, l'Iran, l'Irak et le canal de Suez, visant à déterminer la frontière sud de l'URSS.

Côté Soviétique

L'URSS consolide son bloc en réprimant toute dissidence et en établissant des structures économiques et militaires intégrées.

Purges: Pour éviter la contagion du "titoïsme", Wladyslaw Gomulka est exclu en Pologne, Lazlo Rajk en Hongrie et Rudolf Slansky en Tchécoslovaquie sont purgés et emprisonnés, bien qu'ils aient contribué à l'établissement du communisme dans leurs pays.
Janvier 1949: Comité d'Assistance d'Économie Mutuelle (CAEM ou COMECON): Créé pour intégrer les économies des pays nouvellement communistes au profit de l'URSS. Des exemples incluent la RDA fournissant des machines, la Pologne des chantiers navals et la Roumanie l'agriculture, créant une spécialisation des économies.
Traités militaires bilatéraux: L'URSS signe de nombreux traités militaires bilatéraux, notamment avec la Chine en 1950 et le Nord Viêt-Nam en 1954.
1953: Essais atomiques: Premiers essais atomiques de la bombe H, établissant un "équilibre de la terreur" qui garantit une stabilité par la dissuasion, car une guerre atomique entraînerait l'anéantissement du monde.
14 mai 1955: Pacte de Varsovie: Création d'une alliance militaire justifiant la présence de l'Armée Rouge dans tous les pays sous commandement soviétique. La principale raison invoquée est l'adhésion de la République fédérale d'Allemagne "en voie de remilitarisation" au traité de l'Atlantique Nord, rendue possible après la ratification des accords de Paris par les pays occidentaux.

B) La Coexistence Pacifique

La période de coexistence pacifique, de 1962 à 1979, est caractérisée par un rapprochement entre les deux Grands, mais aussi par la poursuite de conflits localisés et une remise en cause de leur hégémonie.

1. Un Nouveau Contexte

La mort de Staline et les événements qui suivent marquent un tournant, ouvrant la voie à une déstalinisation progressive et à un "dégel" dans les relations internationales.

Les Effets de la Dégel et de la Déstalinisation

5 mars 1953: Mort de Staline: Permet une déstalinisation progressive en URSS et dans sa sphère d'influence.
17 juin 1953: Manifestation des ouvriers à Berlin-Est: Les ouvriers du bâtiment s'opposent à l'augmentation des normes de production. Le siège du SED (parti unique de la RDA) est incendié et le drapeau soviétique arraché. Les chars soviétiques interviennent pour rétablir l'ordre.
Juillet 1953: Armistice en Corée et "normalisation des relations" entre URSS et RFA: Konrad Adenauer, le chancelier allemand, se rend à Moscou, un événement impensable sous Staline.
15 mai 1955: Traité d'État Autrichien: L'Autriche n'est plus occupée par les Alliés et la France, devient neutre et entre à l'ONU, mais pas dans l'OTAN car c'est un traité militaire.
Juin 1955: Tito est réhabilité.
Juillet 1955: Le "dégel" devient très net: Rencontre entre les présidents de l'URSS (Boulganine et Nikita Khrouchtchev), des États-Unis (Eisenhower), de la France (René Coty) et du Royaume-Uni (Eden).
24 février 1956: XXème Congrès du PCUS: Nikita Khrouchtchev présente un rapport secret annonçant plusieurs éléments:
- Volonté de l'URSS de rattraper les États-Unis, admettant son retard.
- Ne remet pas en cause le régime, mais critique Staline: amnisties politiques, retrait de Staline du mausolée de Lénine, Stalingrad rebaptisée Volgograd.
- Annonce d'économies budgétaires en armement et insiste sur la "possibilité de coexistence pacifique".
1956: Dissolution du Kominform: Donne plus de liberté au communisme, bien que certains partis communistes étrangers restent staliniens (ex: PCF).
1959: Début de la rupture sino-soviétique: S'étend jusqu'en 1963, les deux pays se renvoient leurs conseillers.

L'Impossible Déstalinisation en Europe: L'Exemple Hongrois

En 1956, Matyas Rakosi, un stalinien, est au pouvoir en Hongrie. Suite à des manifestations les 23 et 24 octobre 1956, il doit quitter le pouvoir et est remplacé par Imre Nagy, un réformateur plus libéral choisi par le peuple. Nagy souhaite la neutralité de la Hongrie, comme l'Autriche, et le multipartisme, c'est-à-dire la démocratie. Il est confronté à un dilemme: respecter le pacte de Varsovie et se couper de la population, ou aider la population et s'exposer à de nombreux problèmes. Le 1er novembre 1956, il annonce la neutralité hongroise, le retrait du pacte de Varsovie et le multipartisme. Le 4 novembre 1956, l'Armée Rouge entre dans Budapest, causant 20 000 morts. Cette "normalisation" conduit au remplacement de Nagy par Janos Kadar, un communiste. Nagy est exécuté le 17 juin 1958, après un procès à la soviétique. Les derniers appels de Radio Kossuth, radio libre de Budapest, ont lieu le même jour.

Le Début de la Course à l'Espace

La course à l'espace devient un nouveau terrain de compétition entre les deux Grands.

1957: L'URSS place les premiers satellites artificiels en orbite (Spoutnik 1 et 2) et le premier animal (la chienne Laïka).
1958: Les États-Unis envoient leurs premiers satellites équipés de panneaux solaires et dédiés aux télécommunications.
1959: L'URSS procède à la première mise à feu d'une fusée en orbite, effectue un premier survol de la Lune, prend les premières photos de sa face cachée et y dépose un objet. La mission américaine Explorer 6 prend la première photo de la Terre depuis l'espace.
12 avril 1961: Youri Gagarine réalise le premier vol spatial habité.

2. L'Émergence du Tiers-Monde

L'après-guerre voit l'émergence d'un nouveau bloc de nations, le Tiers-Monde, qui cherche à affirmer son indépendance face aux deux superpuissances.

14 août 1952: L'expression "Tiers-Monde" est inventée par Alfred Sauvy.
18 au 24 avril 1955: Conférence de Bandung: Marque la naissance du mouvement des non-alignés.
26 juillet 1956: Nationalisation du canal de Suez par Nasser: Nasser nationalise le canal de Suez et organise le blocus du détroit de Tiran, pénalisant Israël, la France et le Royaume-Uni.
29 octobre 1956: Opération Mousquetaires: Israël attaque l'Égypte, et le Royaume-Uni et la France interviennent en soutien. Les Européens sont parachutés à Port-Saïd et Suez. Cependant, les deux Grands ont intérêt à ce que le Royaume-Uni et la France arrêtent leur progression. L'URSS menace Paris et Londres d'une attaque atomique, tandis que les États-Unis vendent des Livres sterling à la banque de New York, craignant une crise économique. Cette crise ruine l'influence du Royaume-Uni et de la France dans la zone, les reléguant de leur statut de puissances de premier ordre. Nasser est le grand vainqueur, entrant sur la scène internationale avec un rôle accru. Pour l'URSS et les États-Unis, c'est le début des interventions directes.
5 janvier 1957: Doctrine Eisenhower: Vise à limiter la déstabilisation des pays du Moyen-Orient par le communisme grâce à des aides économiques et militaires (ex: en Jordanie). Les blocs s'étendent désormais hors d'Europe et d'Asie, cherchant à rallier de nouveaux pays, tout en maintenant la possibilité de détente.
1958: Crise au Liban: Application de la doctrine Eisenhower avec le débarquement de 14 000 militaires américains (opération Blue Bat).

3. Deux Crises Majeures qui Marquent les Limites de la Coexistence Pacifique

Malgré les tentatives de détente, deux crises majeures soulignent les limites de cette coexistence et la persistance des tensions.

Gérer Berlin

1949-1961: 3 millions de citoyens de la RDA passent à l'Ouest, dont près de 60% de la population active.
1960: Khrouchtchev réclame l'intégration de Berlin à la RDA ou sa constitution en ville libre sous contrôle de l'ONU dans les six mois.
Nuit du 12 au 13 août 1961: La RDA, sous Walter Ulbricht, ferme les points de passage routiers pour enrayer l'exode massif. Un mur de briques et de béton est construit, coupant les rues de Berlin, notamment près du Reichstag et de la porte de Brandebourg. Il est équipé de chemins de ronde, de miradors et de clôtures électrifiées, séparant les deux parties de Berlin sur 45 km et les secteurs occidentaux de la RDA sur 120 km.

La Crise de Cuba

1959: Coup d'État à Cuba: Fidel Castro renverse Fulgencio Batista. Les Américains ripostent indirectement sous la pression de l'United Fruit, une entreprise américaine très présente à Cuba.
Juin-juillet 1960: Fidel Castro nationalise les sociétés américaines présentes sur le sol cubain.
17 avril 1961: Débarquement de la Baie des Cochons: 1 400 soldats américains et exilés cubains, préparés par les États-Unis et soutenus par une force aérienne, tentent de renverser Castro. C'est un échec retentissant.
7 février 1962: Début de l'embargo sur Cuba.
Mai 1962: Opération Anadyr: Nikita Khrouchtchev envoie 50 000 soldats, 36 missiles nucléaires SS-4 et 2 SS-5, ainsi que 4 sous-marins à Cuba pour empêcher les États-Unis d'envahir l'île.
14 octobre 1962: Un avion espion américain photographie les sites d'installation des missiles. Lors d'une allocution télévisée, le Président Kennedy dénonce "une menace explicite à la paix et à la sécurité de toutes les Amériques", demande à Khrouchtchev l'arrêt des opérations, menace l'URSS de représailles et décide d'un blocus naval sur Cuba. Le lendemain, il signe l'ordre d'exécution du blocus.
26 octobre 1962: Khrouchtchev fait savoir à Kennedy, par l'intermédiaire d'un homme d'affaires américain, qu'il continuera son action: "Si les États-Unis veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer."
29 octobre 1962: L'URSS recule et fait retirer ses navires.

II) La Détente (1962-1979)

A) Un Rapprochement entre les Deux Grands

Après la crise des missiles cubains, qui a failli déclencher un conflit nucléaire, les États-Unis et l'URSS décident de se rapprocher pour éviter un affrontement direct. Cette période est marquée par des efforts pour réduire les armements et reconnaître les sphères d'influence mutuelles.

Doctrine McNamara et le "Téléphone Rouge"

1962: Doctrine McNamara: Définit la stratégie d'une "riposte graduée", où l'arme nucléaire américaine peut être utilisée de manière progressive (avec plus ou moins de puissance) selon le niveau de menace. Cette doctrine vise à montrer la détermination des États-Unis tout en soulignant que l'utilisation graduée n'entraînerait pas automatiquement une destruction massive des deux superpuissances.
Juin 1963: "Téléphone rouge": Mise en place d'une liaison permanente entre le Kremlin et la Maison Blanche pour une concertation immédiate.

1. Réduire et Limiter les Armements

Plusieurs traités sont signés pour limiter la course aux armements, reflétant une volonté de désescalade et des contraintes financières.

1963: Traité de Moscou: Les deux Grands interdisent les bombes nucléaires dans les fonds sous-marins.
1967: L'URSS et les États-Unis s'entendent pour interdire ces bombes dans l'espace.
Janvier 1968: Traité de non-prolifération nucléaire (TNP): Issu d'un projet américano-soviétique, il engage les pays signataires à ne transférer ni armes ni technologie nucléaires aux États non dotés d'armes nucléaires (ENDAN).
22 juin 1973: Sommet de Washington et Accords SALT I: Entre Brejnev et Nixon, ces accords (Strategic Arms Limitation Talks) limitent la progression de l'armement: les armements défensifs anti-missiles (ABM) sont limités à deux sites par pays, et les armes nucléaires offensives sont gelées pour cinq ans. Négociés par Henry Kissinger, ces accords sont vus comme une politique de "condominium", de non-intervention dans les États, réduisant les sphères d'influence.
Juin 1979: Accords SALT II: Carter et Brejnev signent les accords SALT II, négociés depuis 1974. Ils prévoient un gel des lanceurs à ogives multiples et un contrôle réciproque des armes nucléaires. Cependant, ils ne sont pas ratifiés par le Sénat américain en raison de l'intervention soviétique en Afghanistan.

Plusieurs raisons expliquent la multiplication de ces traités: la volonté de se dégager d'une course aux armements de plus en plus coûteuse et absurde (capacité de "surextermination" ou "overkill"), ainsi que les difficultés financières des deux Grands. Pour Raymond Aron, les deux Grands deviennent des "adversaires-partenaires".

2. À Chacun sa Sphère d'Influence

Malgré le rapprochement, chaque superpuissance maintient et défend sa sphère d'influence, parfois par des moyens coercitifs.

Les États-Unis en Amérique Latine

Les États-Unis interviennent activement pour maintenir leur influence en Amérique latine, souvent en soutenant des régimes autoritaires.

Mars 1964: Dictature militaire au Brésil: Menée par le maréchal Castelo Branco. Les États-Unis soutiennent ce régime en poussant à des manifestations contre le gouvernement et en fournissant de l'essence et des armes "non originaires des États-Unis" aux partisans des militaires.
1965: Intervention militaire directe des Américains en République dominicaine.
Juin 1973: Coup d'État en Uruguay: Mise en place d'une junte militaire.
11 septembre 1973: Coup d'État au Chili: "Suicide" de Salvador Allende et coup d'État d'Augusto Pinochet.
1975: Opération Condor: Campagne d'assassinats et de lutte anti-guérilla menée conjointement par les services secrets du Chili, de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis.
1976: Coup d'État en Argentine: Dirigé par le général Videla.

L'URSS en Tchécoslovaquie: La Normalisation du "Socialisme à Visage Humain"

L'URSS intervient pour réaffirmer son contrôle sur les démocraties populaires, notamment en Tchécoslovaquie.

Janvier 1968: Le Présidium du Comité Central du Parti communiste tchécoslovaque (PCT) nomme Alexandre Dubcek comme premier secrétaire. Dubcek, bien que communiste, n'est pas stalinien et souhaite réconcilier le communisme et la démocratie, reprochant au parti de refuser la démocratie.
Mai 1968: Élaboration d'un programme commun où le parti unique admet officiellement des "insuffisances, défaillances et difficultés". Cette période est appelée "socialisme à visage humain" et le "Printemps de Prague". Les mesures incluent:
- Politiquement: Réforme de la gouvernance du parti avec une démocratisation.
- Économiquement: Réduction de la planification d'État, autogestion.
- Droits de l'homme: Fin de la censure, de l'écoute aléatoire et sans contrôle juridique des conversations téléphoniques, de l'ouverture du courrier, du quadrillage territorial.
- Socialement: Autorisation des activités culturelles, fin de la limitation des déplacements.
Nuit du 20 au 21 août 1968: Les forces armées de cinq pays du Pacte de Varsovie (URSS, Bulgarie, Pologne, Hongrie et RDA) envahissent la Tchécoslovaquie (la Roumanie et l'Albanie ne participent pas). Au total, 400 000 soldats, 6 300 chars appuyés par 800 avions et 2 000 canons envahissent le pays.
22 août 1968: Alexandre Dubcek, qui avait appelé à ne pas résister, est remplacé par Gustav Husak. Dubcek est d'abord "promu" président du parlement fédéral (1969/70), puis exilé ambassadeur à Ankara, avant d'être rappelé et confiné à un emploi de jardinier.
Fin 1968: Doctrine Brejnev (ou doctrine de souveraineté limitée): Mise en place pour justifier a posteriori l'intervention. Elle prône une souveraineté limitée des États satellites de l'Union soviétique.

3. La Détente en Europe

La Détente en Europe est marquée par des initiatives diplomatiques visant à améliorer les relations entre les blocs, notamment l'Ostpolitik allemande.

L'Ostpolitik de Willy Brandt

1955: Doctrine Hallstein: Du nom du secrétaire d'État ouest-allemand Walter Hallstein, elle stipule que la RFA interrompt ses relations diplomatiques avec tout État qui reconnaît la RDA.
26 juin 1963: Discours de John Fitzgerald Kennedy à Berlin: Kennedy déclare: "Ich bin ein Berliner!", exprimant la solidarité avec les habitants de Berlin-Ouest. Willy Brandt est alors maire de Berlin.
1963: Discours de Willy Brandt: Brandt prononce un discours annonçant "le changement par le rapprochement". Il prône:
- La reconnaissance de la RDA, non pas au plan du droit international, mais en termes institutionnels, car les deux Allemagnes forment une même nation.
- L'abandon de l'idée que seule la RFA représente les Allemands.
- L'inclusion de la RDA dans la politique de Détente.
Octobre 1969: Willy Brandt devient chancelier.
19 mars 1970: Rencontre à Erfurt: Willy Brandt et Willi Stoph (numéro deux du régime est-allemand) se rencontrent à Erfurt en RDA, marquant la première rencontre entre dirigeants ouest et est-allemands.
12 août 1970: Traité de Moscou: Entre l'URSS et la RFA. Il stipule la renonciation mutuelle à l'usage de la force, l'inviolabilité des frontières actuelles en Europe et la poursuite d'efforts conjoints pour la paix et la détente en Europe. Il faut deux ans au chancelier pour le faire ratifier, dans des conditions difficiles. Cette politique porte ses fruits.
Décembre 1972: Traité fondamental de reconnaissance mutuelle: Entre la RFA et la RDA.

La Conférence d'Helsinki

3 juillet 1973: Début des discussions de la première Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE): Rassemble les États-Unis, l'URSS, le Canada et les États européens de l'Est et de l'Ouest (à l'exception de l'Albanie et d'Andorre).
1er août 1975: Signature des Accords d'Helsinki: La déclaration finale (le "décalogue") comprend 10 points:
1. Respect des droits inhérents à la souveraineté.
2. Non-recours à la menace ou à l'emploi de la force.
3. Inviolabilité des frontières.
4. Intégrité territoriale des États.
5. Règlement pacifique des différends.
6. Non-intervention dans les affaires intérieures.
7. Respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
8. Égalité des droits des peuples et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
9. Coopération entre les États.
10. Exécution de bonne foi des obligations assumées conformément au droit international.

Cette conférence est considérée comme le sommet de la Détente. La deuxième conférence est moins "heureuse".

B) Les Aspects Contrastés de la Détente

La Détente n'est pas une période de paix totale, mais plutôt une coexistence tendue, marquée par la poursuite de conflits localisés et une remise en question de l'hégémonie des deux Grands.

1. La Poursuite des Conflits Localisés

Malgré les efforts de rapprochement, des conflits régionaux continuent de faire rage, souvent avec l'implication indirecte des superpuissances.

La Guerre du Viêt-Nam

Après les accords de Genève en 1954, la France quitte l'Indochine et le Viêt-Nam obtient son indépendance, mais est divisé au niveau du 17e parallèle: au Nord, la République démocratique du Viêt-Nam sous Hô Chi Minh; au Sud, la République du Viêt-Nam (capitale Saïgon) sous Ngô Dinh Diêm, un catholique fervent qui refuse les élections générales prévues à Genève.

Décembre 1960: Création du Front national de libération (FNL) dans le Sud, luttant contre le régime en place par des opérations de terrorisme, de sabotage et d'infiltrations via la piste Hô Chi Minh.
2 novembre 1963: Diêm est assassiné.
7 août 1964: Incident du golfe du Tonkin: Lyndon Baines Johnson, le nouveau Président américain, obtient du Congrès une résolution lui donnant toute liberté d'user de la force armée contre les "agressions communistes".
Février 1965: Début des bombardements.
Mars 1965: Intervention directe avec l'envoi de soldats américains. En 1968, il y a 536 000 soldats américains et 700 000 réguliers sud-vietnamiens contre 300 000 nord-vietnamiens. Malgré ce déséquilibre, le Nord ne cède pas, et les combats se poursuivent autour du 17e parallèle. Le Vietcong bénéficie d'une excellente connaissance du terrain et d'une forte détermination.
30 janvier 1968: Offensive du Têt: Le Nord contre-attaque et menace Saïgon et une base du Sud pendant 77 jours. Bien que l'offensive soit un échec, l'armée américaine est mise en difficulté.
Mai 1968: L.B. Johnson renonce à un nouveau mandat et décide d'arrêter sans conditions les bombardements au Nord.
Janvier 1969: Conférence de Paris: Premières discussions pour tenter de mettre fin au conflit.
25 juillet 1969: Doctrine de Guam ou doctrine Nixon: Prévoit que les Américains soutiendront financièrement et matériellement les pays victimes d'une agression, mais sans engagement direct de l'armée américaine. Elle fonctionne sur un principe de "realpolitik" et de "linkage" (tout geste américain doit être accompagné d'une contrepartie dans un autre domaine).
30 avril 1970: Nixon reprend la guerre contre le Nord le long des pistes Hô Chi Minh. Le Congrès américain finit par s'y opposer en retirant les pouvoirs spéciaux du Président concernant la guerre du Viêt-Nam.
27 janvier 1973: Accords de Paris: Accord de cessez-le-feu, prévoyant le retrait des forces américaines en deux mois. Nixon parle de "nécessaire vietnamisation du conflit". Les accords ne sont jamais réellement appliqués, le président Thieu du Sud refusant de reconnaître le Nord.
Octobre 1974: Le Nord considère officiellement les accords de Paris comme caducs et prépare l'invasion. Les conditions sont favorables: armée du Sud fragilisée, population civile lassée par un pouvoir corrompu et la pauvreté, désintérêt des États-Unis pour le Sud.
Mars 1975: Nouvelle offensive du Nord.
21 avril 1975: Thiêu quitte le pouvoir.
30 avril 1975: Prise de Saïgon par le Nord. Débâcle du Sud. Les derniers Américains présents s'enfuient.
2 juillet 1976: Création de la République socialiste du Viêt-Nam, sans réconciliation nationale.

Bilan: Plus de 58 000 morts côté américain (autant que durant la Grande Guerre) et 700 000 côté vietnamien (dont la moitié de civils).

La Poursuite de la Course à l'Espace

La compétition spatiale continue, avec des succès notables pour les deux superpuissances.

1963: Les Soviétiques envoient la première femme dans l'espace (Valentina Terechkova).
Juillet 1965: Les Américains répondent avec le premier survol de Mars.
1966: Les Soviétiques envoient un premier satellite artificiel autour de la Lune.
Décembre 1968: Mission Apollo 8 prend la première photographie de la face cachée de la Lune.
21 juillet 1969: Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la Lune: "un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité".
1971: Première station spatiale par les Soviétiques.
Décembre 1971: Premier atterrissage sur Mars par les Soviétiques.

Bilan: Bien que les Soviétiques remportent quelques succès, ils apparaissent en retrait par rapport aux Américains.

2. Une Remise en Cause de l'Hégémonie des Deux Grands

La Détente voit également l'émergence de forces qui remettent en question la domination des États-Unis et de l'URSS.

Le Renforcement du Tiers Monde

Le Tiers-Monde s'organise pour affirmer son autonomie et lutter contre l'influence des superpuissances.

1964: CNUCED (Conférence des NU pour le Commerce et le Développement): Le Tiers-Monde adopte une politique ambitieuse pour soutenir les prix.
1966: Conférence tricontinentale à La Havane: Réunit l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud, rassemblant les "opprimés de la planète" pour lutter contre les États-Unis. Pour le "Che" Guevara, il s'agit de réitérer le succès du Viêt-Nam (slogan "un, deux, trois, Viêt-Nam" en 1967) et de créer des "foyers de révolution" en Amérique latine et en Afrique sous forme de guérilla paysanne.

Une Remise en Cause par les Alliés: Le Cas de la France

La France, sous de Gaulle, critique la politique américaine et affirme une vision européenne indépendante.

De Gaulle estime que la détente doit avoir lieu entre les États d'Europe et critique la politique américaine.
1964: Il prononce la phrase: "l'Europe est un continent de l'Atlantique à l'Oural", niant ainsi la Guerre Froide.
1964: Reconnaissance de la République Populaire de Chine.
1961-1964: La France se dote de la puissance nucléaire.
1966: De Gaulle se rend en visite officielle en URSS.
8 juin 1966: La France se retire du commandement armé de l'OTAN, montrant sa défiance vis-à-vis de son allié américain.
1966: Discours de Phnom-Penh (Cambodge): De Gaulle désavoue la politique américaine au Viêt-Nam.
24 juillet 1967: À Québec, le général prononce "Vive le Québec libre" pour s'opposer aux Américains.

3. Une Détente Plus Contrainte que Choisie

La Détente est également marquée par des difficultés internes aux blocs et des tensions persistantes, notamment la rupture sino-soviétique.

Les Difficultés de l'URSS

1) Rupture Sino-Soviétique

La relation entre l'URSS et la Chine se détériore progressivement.

1959: Sommet diplomatique Khrouchtchev-Eisenhower: Les Soviétiques, inquiets du Grand Bond en avant chinois, s'efforcent de diminuer la tension avec le bloc de l'Ouest et reviennent sur leur promesse d'aider la Chine à développer l'arme nucléaire.
Octobre 1962: Après la crise des missiles, Mao critique ouvertement Khrouchtchev, parlant de "capitulation".
Juillet 1963: L'URSS donne son accord pour signer avec les États-Unis et le Royaume-Uni le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, condamnant les efforts de la Chine pour développer la bombe.
1964: Mao soutient qu'une contre-révolution a lieu en Union soviétique, au profit de la bourgeoisie.
1968: Les Soviétiques opèrent un déploiement massif de leurs troupes le long de la frontière chinoise en raison d'un conflit fluvial.
Juillet 1970: Henry Kissinger se rend en secret à Pékin pour jeter les bases d'une visite américaine.
Février 1972: Visite officielle de R. Nixon en Chine. En parallèle, la "diplomatie du ping-pong" symbolise un rapprochement entre les deux États (ex: lors des championnats du monde au Japon, les équipes chinoise et américaine se rapprochent suite à une erreur d'un joueur américain).

2) Les Difficultés Économiques

La course spatiale a asphyxié l'économie soviétique. Dans les années 1970, l'URSS doit acheter des céréales à l'extérieur.

3) Le Maintien de l'Opposition dans les Démocraties Populaires: Le Cas de la Pologne

L'opposition au régime communiste persiste dans les pays du bloc de l'Est.

Octobre 1978: Début du pontificat de l'évêque de Cracovie, Jean Paul II, très anti-communiste.
1979 (Rome): Jean-Paul II lance un appel à la Pologne, l'exhortant à s'écarter du communisme et mettant en avant les problèmes du régime: "N'ayez pas peur!"
Décembre 1979: Début de manifestations populaires à Gdansk, ville dotée d'un important chantier naval. Un groupe d'ouvriers, dirigé par Lech Walesa, crée le Syndicat Solidarnosc, un syndicat non communiste et libre.

Les Difficultés Américaines: Les Faiblesses de l'American Way of Life

Les États-Unis connaissent également des difficultés internes et des remises en cause de leur modèle.

Ségrégation: 28 août 1963: Marche des droits civiques à Washington derrière Martin Luther King.
Financières: La guerre du Viêt-Nam a coûté cher.
Politiques: 9 août 1974: Nixon est obligé de démissionner après le scandale du Watergate (financements irréguliers de campagne et écoutes téléphoniques).
Culturelles: Développement de la culture hippie. Août 1969: Festival de Woodstock.
Système monétaire: 15 août 1971: Fin du système de Bretton Woods (taux de change fixes et parité or-dollar).

C) 1975-1979: Les États-Unis en Perte de Vitesse?

Cette période est marquée par des événements qui suggèrent un affaiblissement de la position américaine sur la scène mondiale.

1. La Révolution Islamique en Iran

La révolution iranienne est un événement majeur qui déstabilise la région et affecte les intérêts américains.

1941: Mohammad Reza Chah Pahlavi devient Shah, pro-américain et soutenant le développement des relations commerciales avec les États-Unis.
Problème: Il s'aliène les États-Unis, et la France accueille son principal opposant.
7 janvier 1979: La République islamiste est proclamée, entraînant une confusion entre le pouvoir religieux et politique. Il n'y a plus d'élections, mais une Assemblée religieuse. La charia est mise en place, et de nombreux groupes souffrent, notamment les femmes.
16 janvier 1979: Fuite du Shah, accentuant le second choc pétrolier qui avait commencé début 1979.

2. L'Intervention Soviétique en Afghanistan, Symbole des Difficultés Américaines

L'intervention soviétique en Afghanistan est perçue comme un signe des difficultés américaines à contenir l'expansion communiste.

27 avril 1978: Révolution avec l'arrivée au pouvoir du Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) qui proclame le pays "République démocratique d'Afghanistan" (DRA).
3 juillet 1979: Le Président américain Jimmy Carter fait preuve d'ingérence dans la politique afghane en signant la première directive pour aider les islamistes opposés au régime communiste de Kaboul.
4 septembre 1979: Assassinat du président afghan Nour Mohammad Taraki, très favorable à Moscou.
Fin décembre 1979: Début de l'intervention soviétique en Afghanistan.

3. D'Autres Signes de Faiblesse

Plusieurs autres cas illustrent la fragilisation des États-Unis.

Nicaragua: La dictature de droite de Somoza, soutenue par les Américains, doit faire face à une guerre civile sandiniste. En septembre 1979, les sandinistes d'Ortega prennent le pouvoir, faisant du Nicaragua le deuxième pays pro-communiste en Amérique Latine après Cuba.
Iran: Fin 1979 à début 1981: 52 diplomates américains sont pris en otages à Téhéran durant 444 jours.

III) De la Guerre Fraîche à la Chute de l'URSS

La période de 1978 à 1991 est marquée par un retour à des tensions accrues, qualifiées de "guerre fraîche" par Brejnev, avant la chute spectaculaire de l'Union Soviétique.

A) "America is Back"

Les États-Unis, sous la présidence de Ronald Reagan, adoptent une posture plus offensive face à l'URSS.

Boycotts Olympiques

1980: Le Président américain Jimmy Carter décide de boycotter les Jeux Olympiques de Moscou en protestation à l'invasion soviétique en Afghanistan.
1984: En réponse, l'Union soviétique et 14 de ses alliés boycottent les Jeux de Los Angeles, invoquant le manque de sécurité pour leurs athlètes. Le bloc de l'Est organise sa propre compétition multisports, les Jeux de l'Amitié.

1. L'Élection de Ronald Reagan

L'arrivée de Ronald Reagan à la présidence marque un tournant dans la politique américaine.

Novembre 1980: Reagan obtient 50,7% du vote populaire contre 41% pour le Président sortant Carter.
20 janvier 1981: Investiture de Ronald Reagan. Les 52 otages américains détenus par l'Iran depuis 444 jours sont libérés pendant son discours.
8 mars 1983: Reagan désigne, pour la première fois, l'Union soviétique comme un "empire du mal".
Novembre 1984: Reagan est reconduit comme Président, remportant 49 des 50 États américains.

2. La Riposte Américaine

Les États-Unis lancent des initiatives militaires et stratégiques pour contrer l'URSS.

La Crise des Euromissiles

Cette crise est une confrontation majeure sur le déploiement de missiles en Europe.

1977: Les Soviétiques exploitent des failles des accords SALT I de 1972 pour installer des missiles SS-20 à moyenne portée (500 à 5 000 km) sur leur territoire, pointés vers l'Europe de l'Ouest.
14 décembre 1979: Sommet de l'OTAN: Double décision: installer des missiles Pershing en Europe occidentale pour riposter aux SS-20 soviétiques et engager des négociations pour leur retrait.
Novembre 1981: Ronald Reagan propose l'"option zéro": retrait des SS-20 et retrait ou non-installation de leur équivalent à l'Ouest.
Novembre 1982: Andropov propose la réduction en Europe du nombre de SS-20.
Octobre 1983: L'URSS annonce l'installation de missiles à courte et moyenne portée en Tchécoslovaquie et en RDA.
Novembre 1983: Les États-Unis réagissent: 108 Pershing II (portée 1 800 km) et 464 missiles Cruise (portée 2 500 km) sont prévus.
Décembre 1987: Sommet de Washington: L'URSS et les États-Unis s'accordent pour l'"option zéro".

Le Projet IDS (Initiative de Défense Stratégique)

Le projet IDS, surnommé "guerre des étoiles", est une initiative ambitieuse de défense.

Mars 1983: Lancement du projet d'Initiative de Défense Stratégique (IDS). Ce programme militaire vise à protéger le territoire américain contre une attaque massive de missiles soviétiques, en utilisant les technologies du laser et des satellites, principalement basées dans l'espace. On parle aussi d'un "bouclier de l'espace".
22 juillet 1987: Mikhail Gorbatchev annonce qu'il renonce à réclamer l'abandon de l'IDS par Ronald Reagan.
1987: La Société américaine de physique conclut que le développement d'un bouclier antimissile global est trop ambitieux et irréalisable avec la technologie de l'époque. L'essentiel est que les États-Unis ont repris le dessus avec un "coup de bluff".
1993: L'administration Clinton abandonne le projet.

En Amérique Latine

Les États-Unis continuent d'intervenir en Amérique latine pour contrer les mouvements communistes.

Octobre 1983: Reagan ordonne l'invasion de l'île de Grenade dans les Antilles, où un coup d'État en 1979 avait amené un gouvernement marxiste-léniniste. Malgré les protestations, le gouvernement est renversé. Cette invasion est symbolique, étant la première intervention américaine depuis le Viêt-Nam.
Les États-Unis financent de nombreuses guérillas hostiles aux communistes, comme au Nicaragua.
1985: Les Américains minent les ports du Nicaragua pour s'opposer aux sandinistes.
1986: Le scandale Iran-Contra révèle que l'administration Reagan a vendu officieusement des armes à l'Iran pour financer les Contras (contre-révolutionnaires) du Nicaragua, ce financement étant spécifiquement interdit par le Congrès.
1987: La Cour Internationale de Justice reconnaît les États-Unis coupables de crimes de guerre contre le Nicaragua.

La Guerre Iran-Irak

Le rôle des États-Unis dans ce conflit a longtemps été débattu. Des documents déclassifiés par la CIA en 2013 montrent que les Américains ont soutenu Saddam Hussein dès 1983, malgré son emploi d'armes chimiques.

1980: L'Ayatollah Khomeiny tente de renverser le régime de Saddam Hussein, car ce dernier n'est pas chiite.
22 septembre 1980: Saddam Hussein attaque l'Iran sous prétexte d'un désaccord frontalier, notamment sur une des trois îles du détroit d'Ormuz.
28 septembre 1980: La résolution 479 de l'ONU demande un cessez-le-feu immédiat mais sans exiger le retrait de l'Irak des territoires iraniens occupés.
1983: L'Irak utilise des armes chimiques contre l'armée iranienne et les populations civiles (notamment kurdes), sans réaction de la communauté internationale.
Avril 1987: L'Iran accuse l'Irak d'avoir utilisé l'arme chimique sur les villages frontaliers d'Alout et de Kandar près de Baneh.
26-30 juillet 1988: L'armée irakienne reprend le dessus avant d'être vaincue lors de l'opération Mersad.
20 août 1988: Fin des hostilités sous la pression de l'ONU. Saddam Hussein accepte de revenir aux frontières de 1975. La guerre aboutit à un statu quo ante.

B) La "Fin d'un Monde" (1985-1991)

Cette période est marquée par l'arrivée de Mikhail Gorbatchev au pouvoir en URSS et une série de bouleversements qui mènent à la chute du bloc soviétique et à la fin de la Guerre Froide.

1. Le Début des Bouleversements: L'Arrivée de Mikhail Gorbatchev au Pouvoir

Mikhail Gorbatchev, conscient de la nécessité de réformes, initie des changements profonds en URSS.

Décembre 1984: Mikhail Gorbatchev fait son entrée sur la scène internationale en rencontrant Margaret Thatcher à Londres.
11 mars 1985: Gorbatchev arrive au pouvoir en tant que premier secrétaire du PCUS. Jeune (54 ans), il prend conscience de la nécessité de réformes en URSS.

Des Réformes Internes

Gorbatchev lance des réformes économiques et politiques majeures.

Mai 1985: Réformes de la Perestroïka (reconstruction ou restructuration):
- Restitution (mais non vente) de la terre aux paysans, qui bénéficient de baux à très long terme (50 ans) pour des exploitations personnelles.
- Autorisation pour les particuliers de créer des entreprises unipersonnelles ou des coopératives (restaurants, salons de coiffure, petit artisanat, petites entreprises de vente, etc.).
- Tentative de libéralisation de l'activité économique des grandes entreprises d'État, en responsabilisant le personnel (qualité des produits liée aux prix de vente et aux revenus des employés, élection des directeurs, autonomie financière). On parle alors de "nouvelle NEP", en référence à la NEP de Lénine (1921), abandonnée par Staline (1929).
26 avril 1986: Accident nucléaire de Tchernobyl: Provoqué par l'augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur 4, conduisant à la fusion du cœur.
1986: Politique de la Glasnost ("transparence"): Mise en place d'une politique de liberté, d'expression et de publication d'informations. Exemple: novembre 1986, autorisation de la publication de Docteur Jivago de Boris Pasternak.

Un Dialogue Rénové

Gorbatchev engage un dialogue avec les États-Unis pour réduire les tensions et les armements.

Novembre 1986: Rencontre de Reykjavik: Entre R. Reagan et M. Gorbatchev, axée sur la diminution des arsenaux nucléaires. Gorbatchev écrira plus tard que ce sommet, bien que perçu comme un échec, a lancé la réduction des arsenaux nucléaires en réaffirmant la vision d'un monde sans armes nucléaires et en ouvrant la voie à des accords concrets.
1987: M. Gorbatchev est élu homme de l'année par le magazine Times, marquant le début de la "Gorbymania".
Décembre 1987: Accords de Washington: Les "deux Grands" s'accordent pour réduire de 50% leurs arsenaux nucléaires.
15 mai 1988: Gorbatchev décide de retirer les troupes soviétiques d'Afghanistan.
Juin 1989: Visite officielle en Chine pendant les manifestations de la place Tian'anmen (avant la répression). Restauration des relations avec la RPC.
1990: Gorbatchev reçoit le prix Nobel de la Paix.

Il est important de noter que Gorbatchev n'est pas un homme faible: en 1990, il refuse catégoriquement de lâcher Cuba et décide d'envoyer des avions supersoniques à Cuba.

2. L'Effondrement du Bloc Soviétique

Les réformes de Gorbatchev et les pressions internes et externes conduisent à la chute des démocraties populaires et à la dissolution de l'URSS.

La Chute des Démocraties Populaires, ou l'Abandon de la Doctrine Brejnev

1) Pologne

5 avril 1989: Accords Jaruzelski/Walesa: Pour des élections libres et le multipartisme. Fin du rôle unique du PCUS et autonomie du pays. La normalisation soviétique attendue n'arrive pas.

2) Hongrie

Mai 1989: À Budapest, des dizaines de personnes se réfugient dans les ambassades d'Autriche et de RFA pour passer à l'Ouest, encouragées par les ambassades.
Juin 1989: Le multipartisme est toléré.
Été 1989: Ouverture de la frontière entre la Hongrie et l'Autriche.

3) RDA

Septembre 1989: Manifestations à Berlin Est ("Manifestations du lundi"): Initialement sans grande importance et pacifiques.
9 novembre 1989: Chute du Mur de Berlin:
- 19h00: Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, lit à la presse une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages. Interrogé sur la date d'entrée en vigueur, il répond: "Autant que je sache immédiatement."
- 20h00: Plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer.
- 23h00: Sans ordre contraire, le passage est ouvert.
- Minuit: Le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, exilé à l'Ouest, vient encourager les démolisseurs en jouant du violoncelle.
3 novembre 1989: Les journaux titrent: "la Fin de la Guerre Froide".
3 octobre 1990: Réunification allemande.

4) Tchécoslovaquie

16 novembre au 29 décembre 1989: "Révolution de velours": Des manifestations ont lieu à Prague, autorisées pour la plupart. Les événements débutent le 16 novembre 1989 avec une manifestation pacifique d'étudiants à Bratislava. Le lendemain, une autre manifestation pacifique à Prague est réprimée par la police, entraînant une série de manifestations populaires du 19 au 27 novembre. Progressivement, une transition démocratique s'opère. Cette révolution est dite "de velours" car presque aucun mort n'est à déplorer, et la transition est effectuée par Marián Calfa, membre du parti communiste jusqu'à sa dissolution, qui demeure chef du gouvernement jusqu'en 1992.

5) Roumanie

25 décembre 1989: Révolution organisée et orchestrée par le PC. Ceausescu, le dictateur en place, est jugé et assassiné.

De la Chute de l'URSS à la Renaissance de la Russie

Plusieurs raisons expliquent l'échec des réformes menées par M. Gorbatchev:

Absence d'un véritable État de droit.
L'arbitraire reste omniprésent, et les cadres conservateurs du PCUS entravent les réformes pour ne pas perdre leurs privilèges et pouvoirs.
Dérive mafieuse du Parti: L'appareil du PCUS se transforme en une structure minée par l'immobilisme et la corruption, notamment dans les républiques musulmanes.
Crise politique: Gorbatchev entre en conflit avec Boris Eltsine, ancien secrétaire du Parti pour la région de Moscou, qui exige le multipartisme et le pluralisme dans les élections.
Une culture économique à réapprendre: Il est difficile de libéraliser des pans de l'économie alors que les générations actives en URSS dans les années 1980 n'ont connu que la planification et un contrôle total de l'État.

Entre 1989 et 1991: 13 républiques sur 15 proclament leur indépendance.
Décembre 1989: Sommet de Malte: Après avoir rencontré Gorbatchev, George Bush, nouveau Président des États-Unis, annonce la fin de l'affrontement Est/Ouest et de la bipolarisation du monde.
Mars 1990: Gorbatchev fait une réforme constitutionnelle: il crée un poste de président de l'URSS et diminue le rôle dirigeant du chef du Parti communiste de l'Union soviétique.
Août 1991: Putsch de Moscou: Gorbatchev est temporairement écarté du pouvoir par un petit groupe d'officiels conservateurs du Parti communiste soviétique qui l'enferment dans sa résidence d'été, lui reprochant son réformisme.
21 août 1991: Une large majorité des troupes envoyées à Moscou se range ouvertement aux côtés des manifestants partisans de Gorbatchev. Le putsch échoue.
24 août 1991: Gorbatchev quitte la direction du Parti communiste de l'Union soviétique.
6 septembre 1991: Indépendance des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie).
6 novembre 1991: Le parti communiste est officiellement dissous.
21 novembre 1991: Accords d'Alma-Ata.
8 décembre 1991: Accords de Minsk. Ces deux accords créent la Communauté des États indépendants (CEI), composée de 9 des 15 anciennes républiques soviétiques.
25 décembre 1991: M. Gorbatchev démissionne de son poste de président de l'URSS.
31 décembre 1991: Dislocation de l'URSS et naissance de la Fédération de Russie.

3. Le Début d'une Nouvelle Ère: La Première Guerre du Golfe

La fin de la Guerre Froide ouvre la voie à de nouveaux conflits et à une nouvelle configuration géopolitique.

2 août 1990: Invasion du Koweït par l'Irak: Saddam Hussein accuse le Koweït d'avoir volé du pétrole irakien et refuse de rembourser les sommes prêtées pendant la guerre Iran-Irak. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 660, condamnant l'invasion et exigeant le retrait inconditionnel de l'Irak.
Mi-janvier 1991: Après des négociations infructueuses, les États-Unis déclarent la guerre à l'Irak.
16 janvier 1991: Opération "Tempête du désert": Les avions de la Coalition (menée par les États-Unis, avec le soutien de l'ONU) ciblent plusieurs sites militaires irakiens, décimant l'armée de l'air irakienne.
Avril 1991: Résolution 687 du Conseil de sécurité des Nations unies: Met un terme définitif à la guerre du Golfe. L'Irak est battu, le territoire koweïtien est libéré, mais Saddam Hussein reste au pouvoir. Les effectifs américains s'élèvent à 535 000 hommes, 80 navires, pour un total de près d'un million d'hommes dans la coalition.

Conclusion: La Fin de la Guerre Froide est-elle la Fin de l'Histoire?

Pour Francis Fukuyama, qui publie La Fin de l'Histoire ou le dernier homme en 1992, la chute du bloc soviétique devait entraîner une fin de l'Histoire, le monde se ralliant pacifiquement sous la bannière de la démocratie libérale. La progression de l'histoire humaine, envisagée comme un combat entre des idéologies, toucherait à sa fin avec un consensus sur la démocratie libérale. Cette vision est aujourd'hui très discutée.