Les Classiques (2) : Répartition des revenus et dynamique économique

Dans le système économique classique, principalement développé par Ricardo, trois classes sociales se partagent le revenu national, chacune ayant des intérêts souvent opposés. Ces classes comprennent les propriétaires fonciers, les travailleurs et les entrepreneurs. La production génère trois principaux types de revenus : la rente foncière, les salaires et les profits des entrepreneurs. Ce débat sur la répartition des revenus est central en économie politique et en politique économique, et il interagit constamment avec la question de la croissance économique.

Les classiques, contrairement à Say et aux néo-classiques, voient les principes de distribution du revenu comme intrinsèquement conflictuels, tant en période statique qu'en dynamique. Les trois types de revenu n'évoluent pas de manière uniforme sur le long terme, étant soumis à des lois tendancielles influencées par des facteurs exogènes. Pour eux, la profitabilité – qui stimule l'accumulation de capital et la croissance – tend à diminuer, menaçant ainsi la continuité de la croissance vers un état stationnaire.

1. La rente foncière

Les auteurs classiques, et Ricardo en particulier, se sont penchés en profondeur sur la question de la rente foncière, qui comprise comme le revenu des propriétaires terriens, est liée à la productivité des différentes terres. Dans le contexte historique de l'époque de Ricardo, marqué par les guerres napoléoniennes et le blocus continental, la rente était un revenu crucial. L'adoption des Corn Laws, qui ont protégé les prix agricoles, a soulevé des débats sur le caractère excessif de la rente à l'égard de sa contribution à la production.

Ricardo a démontré que la rente ne dépend pas des prix, mais émerge plutôt des différences de fertilité des terres. Dans son analyse, la rente est déterminée par la nature des terres cultivées, où les terres marginales ne génèrent aucune rente, tandis que les terres plus productives en génèrent en raison de leur productivité supérieure. Cela renforce l'idée que la rente est un résidu, déterminé par les coûts de production et les prix de marché.

1.1 La théorie de la rente différentielle de Ricardo

Selon Ricardo, la rente foncière est cette portion du produit de la terre que l'on paie au propriétaire pour le droit d'exploitation. Si toutes les terres avaient des propriétés identiques, il n’y aurait pas de rente. La théorie de la rente différentielle stipule que la rente provient des différences de productivité entre les terres, les coûts de production variant d'une terre à l'autre. Ainsi, le prix sur le marché, qui est déterminé par la terre la moins productive, conduit à une répartition de la rente aux propriétaires des autres terres plus fertiles.

1.2 Implications politiques de la rente foncière

Riches en analyse, les idées de Ricardo révèlent que la rente ne correspond pas à la rémunération d'un service productif mais à un transfert de revenus non productifs. En tant que telle, une taxation ou confiscation de la rente par l'État pourrait être justifiée économiquement. Cependant, Ricardo présente les propriétaires fonciers comme des parasites et soutient que pour favoriser l'accumulation et la croissance, il serait nécessaire de réduire le prix du blé par l'augmentation de la productivité agricole et le libre-échange.

2. Salaires et profits

Une fois la rente payée, la question cruciale demeure celle de la répartition du revenu entre les salaires et les profits. Pour Ricardo, le travail est une marchandise avec une valeur d'usage et une valeur d'échange. Les salaires sont liés au coût de subsistance des travailleurs, qui doivent permettre un niveau de vie minimum.

2.1 L'évolution des salaires

Les classiques s'accordent à dire que les salaires sont souvent indéterminés. La pression démographique et la dégradation de la fertilité des terres augmentent les besoins en salaires pour assurer la subsistance, ce qui encourage une dynamique où le salaire courant converge vers le salaire naturel. Ainsi, lorsque l'on observe une période de croissance, l'emploi augmente, entraînant une hausse de la demande de travail, et vice versa lors des crises.

2.2 Les profits comme résidu

La notion de profit est également phénoménale, en ce sens qu'elle n'est pas un facteur principal mais un résidu de la production après paiement des salaires et de la rente. Toute augmentation des salaires entraîne une réduction inévitable des profits, soulignant la dynamique entre salaires, profits, et l’accumulation de capital.

3. Le principe de population de Malthus

Le débat autour de la croissance économique aborde également les préoccupations démographiques. Malthus articule le principe de population à travers la confrontation entre une croissance géométrique de la population et une croissance arithmétique de la production alimentaire, prolongeant les débats sur les limites à cette croissance.

3.1 Famines comme régulateur

Pour Malthus, les famines régulent naturellement la population. Malheureusement, ses propositions personnaient une vision pessimiste, suggérant que les mesures pour limiter la natalité sont les plus appropriées. Sa vision implique que la croissance démographique pourrait ruiner les ressources disponibles, aggravant ainsi la situation des classes pauvres.

4. Le processus de croissance chez les Classiques

Les classiques insistent sur l'importance de l'accumulation, où l'investissement actionne la demande de travail et où le taux de profit influe sur la volonté d'épargner et d'investir.

4.1 Lien entre épargne et investissement

L'épargne est présentée comme un déterminant de l'investissement, le développement de l'épargne entraînant nécessairement des investissements. Ainsi, les entrepreneurs jouent un rôle majeur dans le processus de croissance, mais le taux de profit est essentiel pour stimuler l'épargne.

5. Baisse du profit et état stationnaire

Ricardo avance que la tendance à la baisse du taux de profit mène inexorablement à un état stationnaire où la croissance économique stagne. Cette évaluation souligne le paradoxe du capitalisme, où la suraccumulation de capital et une demande croissante se heurtent aux rendements décroissants.

6. Nature des crises économiques

Les crises économiques sont redéfinies avec la révolution industrielle. Les crises de l'Ancien Régime se caractérisaient par des problèmes d'approvisionnement, tandis que les crises modernes proviennent d'une surproduction non équivalente à la richesse détenue par les agents économiques.

6.1 La loi de Say

Say développe la loi selon laquelle l'offre crée sa propre demande. Cette affirmation stipule que toute production génère des revenus qui permettent de racheter ces biens. Les crises de surproduction, selon Say, sont exogènes, déconnectées des mécanismes internes de l'économie.

7. Conclusion

Les idées classiques sur la répartition des revenus, la valeur du profit et le développement du capital continuent d'influencer les débats économiques actuels. Bien que leur vision reconnaisse les tensions inhérentes à leur système, elles n'ont pas prévu les évolutions des mécanismes économiques modernes qui dépendent d'une dynamique largement influencée par les choix politiques et sociaux.

Les Classiques : Répartition des Revenus et Dynamique Économique

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